Photo de groupe au bord du fleuve, Emmanuel Dongala

Méré élève seule ses deux enfants ainsi que la fille de sa soeur, décédée du sida. Elle est séparée de son ex-mari qui, supportant mal l'attention que Méré donnait à sa soeur, est allé voir ailleurs. Bien qu'ayant fait des études, elle est réduite à casser des pierres dans un chantier et vendre des sacs de gravier pour subsister aux besoins de sa famille. 

Avec les autres femmes du chantier, qui ont chacune une histoire personnelle digne d'un roman, elle décide un jour de vendre les sacs plus chers. Elle ne se doute pas des conséquences que cette simple demande va avoir, d'autant qu'elle est rapidement propulsée chef de cette mini-révolte...

Emmanuel Dongala nous montre, pas à pas, comment Méré devient une meneuse, comment ces femmes qui, bien que la vie ne leur ait jamais fait de cadeau, sont battantes, solidaires et résolument optimistes. L'auteur réussit de beaux portraits de femmes et une peinture de l'Afrique actuelle sans concession - notamment lorsqu'il évoque le pouvoir politique.

J'ai été un peu gênée au départ par cette écriture à la deuxième personne du singulier, mais j'ai fini par m'habituer ; il faut dire que c'est très bien écrit et que même si c'est peut-être un peu long, un peu trop démonstratif parfois, je n'ai pas lâché ce roman, voulant savoir ce qu'il allait advenir de Méré et de ses compagnes. Dans toute chose il y a de l'espoir, semble dire l'auteur, même quand la situation paraît sans issue : les femmes ont une force, un pouvoir particuliers, à elles d'oser les utiliser.

Beau roman sur la femme africaine, cette lecture ne laissera personne indifférent.

Comments

[Valérie]

Les romans à la deuxième personne ont tendance à me rebuter.

[zarline]

J'hésite encore, j'ai un peu peur que ce soit trop "féministe" pour moi. Je le note pour une sortie en babel.